SAISON 11 / EPISODE 2
La fin de vie reste un sujet délicat et souvent tabou. Pourtant, les pratiques et les perceptions évoluent. Ces dernières années, le domaine des soins palliatifs a connu des révolutions majeures, offrant de nouvelles approches pour accompagner dignement les patients dans leurs derniers moments.
Les soins palliatifs, autrefois méconnus, se sont développés pour répondre aux besoins spécifiques des patients en fin de vie. Mais comment ces soins fonctionnent-ils concrètement ? Quels résultats ont été observés jusqu’à présent ? Comment prennent-ils en compte les dimensions physiques, émotionnelles et psychologiques des patients ?
Les professionnels de santé jouent un rôle crucial dans ce processus. Comment se préparent-ils à accompagner les patients et leurs familles ? Quels outils et formations leur sont proposés pour faciliter cette transition vers une approche plus humaine et personnalisée des soins de fin de vie ? Les patients, au cœur de cette réforme, ressentent-ils une différence dans la qualité des soins reçus ?
L’euthanasie, sujet de nombreux débats éthiques et législatifs, fait partie des discussions sur la fin de vie. Dans quels pays est-elle légale et sous quelles conditions ? Quels sont les critères d’éligibilité pour les patients ? Comment les professionnels de santé et les familles réagissent-ils face à cette pratique ? Le suicide assisté est une autre pratique légale dans certains pays pour aider les patients en fin de vie à mettre fin à leurs souffrances. Quelles sont les différences entre le suicide assisté et l’euthanasie ?
Les invités de l’émission :
- Maryannick LEPOUTRE Secrétaire adjointe de l’association Être Là ASP VAR
- Delphine PRENAT – MOLIMARD – Médecin en soins palliatifs et membre de la SFAP, la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs
- Alexandra SEGONDI – Psychologue clinicienne en service des soins palliatifs
- Karine PLUSQUELLE – Infirmière en service des soins palliatifs
- Keith LUND – Coreprésentant Bouches du Rhône et Vaucluse de l’association Le Choix, Citoyens pour une mort choisie
- Alain NIVON – Docteur en retraite adhérant à l’association le Choix
Les chiffres sur l’émission « Vivre jusqu’au bout : débats sur la fin de vie »
Les Français pensent-ils être en bonne santé ?
Pour la population française :
- 48 % se considèrent en très bonne santé,
- 45 % estiment être en assez bonne santé,
- 6 % se jugent en mauvaise santé,
- 4 % s’évaluent en assez mauvaise santé,
- 2 % se disent en très mauvaise santé.
La notion de fin de vie couvre différentes étapes selon les individus. Ainsi, 30 % des Français associent cette période aux dernières années de vie, une perception plus fréquente chez les jeunes (41 % des 18-24 ans) et les femmes (65 %). Un Français sur cinq (20 %) identifie cette période aux derniers mois de vie, tandis que 13 % la lient aux dernières semaines. D’autres restreignent la fin de vie aux derniers jours (14 %) ou aux dernières heures (15 %).
Les Français sont-ils suffisamment informés sur la fin de vie ?
Bien que près de 3 Français sur 4 (73 %) soient conscients de l’existence des lois encadrant la fin de vie en France et que la moitié d’entre eux s’estime bien informée, seulement 1 sur 6 maîtrise réellement les fondements principaux de ces dispositifs. En effet, seuls 16 % des sondés parviennent à répondre correctement à au moins 6 des 8 questions clés portant sur les quatre grandes mesures : les directives anticipées, la personne de confiance, la sédation profonde et continue jusqu’au décès, ainsi que le droit au refus de soins. Par ailleurs, 43 % des personnes interrogées se disent peu ou pas informées sur ces sujets.
Les Français réfléchissent-ils à leur fin de vie ?
Un Français sur trois (37 %) a déjà envisagé comment se déroulerait sa fin de vie, une proportion qui grimpe à 43 % chez les personnes de 65 ans et plus. Moins d’un Français sur deux (44 %) a réfléchi à ses préférences ou souhaits concernant cette période. Par ailleurs, 43 % des Français ont déjà discuté de leurs volontés en matière de fin de vie avec leurs proches, une démarche particulièrement fréquente chez les retraités (51 % d’entre eux). En revanche, 55 % des Français n’ont jamais abordé ce sujet. Parmi ceux qui envisagent de le faire, 62 % privilégieraient une discussion avec un proche, tandis que 45 % se tourneraient vers un professionnel de santé.
Les invités de l’émission du 25 octobre 2024
Live de l’émission – Vivre jusqu’au bout : débats sur la fin de vie
Pour aller plus loin
La fin de vie : entre avancées des soins palliatifs et débats sur l’euthanasie
Le sujet de la fin de vie, souvent empreint de tabous, fait désormais l’objet de réflexions profondes dans nos sociétés. La montée en puissance des soins palliatifs et les débats sur l’euthanasie illustrent bien l’évolution des pratiques et des mentalités autour de cet enjeu.
Les soins palliatifs, un accompagnement en pleine mutation
Les soins palliatifs, qui visent à offrir une fin de vie digne et apaisée, ont considérablement évolué ces dernières années. Au-delà du simple soulagement de la douleur, ils s’inscrivent dans une démarche plus holistique qui englobe les dimensions physiques, psychologiques et émotionnelles des patients. Désormais mieux intégrés dans les parcours de soins, ils ne sont plus réservés aux tout derniers moments de la vie, mais sont proposés plus en amont afin de mieux gérer la maladie.
Cette approche multidisciplinaire réunit médecins, infirmiers, psychologues et bénévoles, tous unis pour offrir un accompagnement sur mesure. Mais comment cela se traduit-il concrètement dans la vie des patients ? L’une des grandes réussites des soins palliatifs est la personnalisation des interventions, qui tient compte des volontés du malade et de ses proches. Les résultats sont positifs : les patients se sentent plus soutenus et leurs familles mieux préparées face à l’inévitable.
Le rôle clé des professionnels de santé
L’accompagnement des patients en fin de vie est une tâche complexe qui requiert des compétences spécifiques. Les professionnels de santé bénéficient de formations dédiées, souvent axées sur la gestion de la douleur et le soutien psychologique. Ils doivent aussi faire face à leurs propres émotions et se préparer à établir une relation humaine forte avec les patients et leurs familles.
Ces formations, de plus en plus fréquentes, incluent également des modules sur la gestion de la fin de vie dans un cadre éthique, notamment en ce qui concerne l’euthanasie ou le refus de traitement. Mais au-delà de la technique, c’est l’empathie et la capacité d’écoute qui restent les qualités les plus recherchées dans l’accompagnement des mourants.
Euthanasie et suicide assisté : des pratiques encore controversées
L’euthanasie et le suicide assisté sont deux pratiques qui, bien que très réglementées, font l’objet de débats passionnés. L’euthanasie active est aujourd’hui légale dans plusieurs pays comme la Belgique, les Pays-Bas ou encore le Luxembourg, mais elle reste soumise à des critères stricts, tels que la demande expresse du patient, l’impossibilité de soulager sa souffrance et l’avis de plusieurs médecins.
Le suicide assisté, quant à lui, diffère de l’euthanasie par l’implication du patient. Il reçoit une assistance médicale pour mettre fin à sa vie, mais c’est lui qui prend l’ultime décision. Cette pratique est notamment autorisée en Suisse et dans certains États américains. Face à ces questions éthiques, les réactions des professionnels de santé et des familles sont diverses, allant du soulagement à l’angoisse morale.
Alors que les soins palliatifs permettent de mieux accompagner les patients en fin de vie, les débats sur l’euthanasie et le suicide assisté continuent de diviser les sociétés. Pourtant, il semble qu’une tendance générale se dessine vers une plus grande liberté de choix pour les patients et une humanisation des soins en fin de vie.