La France navigue en eaux troubles après les législatives de 2024, avec une Assemblée nationale sans majorité absolue. Quels scénarios pour gouverner ?

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majorité absolue – CREDIT : Wikimédia Commons

La France se retrouve à un carrefour politique complexe après le second tour des élections législatives 2024. Le paysage parlementaire s’annonce divisé, et la formation d’une coalition gouvernementale devient un casse-tête inédit pour le président et les partis politiques.

Un bouleversement électoral

Dimanche 7 juillet 2024, les résultats des élections législatives ont révélé une Assemblée nationale fragmentée en trois blocs principaux. Le Nouveau Front populaire (NFP), une coalition de partis de gauche, a remporté la majorité relative, devançant le Rassemblement national (RN) et le camp présidentiel. Cependant, avec seulement 177 à 192 sièges, le NFP reste loin des 289 sièges nécessaires pour une majorité absolue. Le camp présidentiel, avec 152 à 158 sièges, et le RN, avec 138 à 145 sièges, complètent le paysage fragmenté de l’Assemblée.

La quête d’une coalition viable

Le président Emmanuel Macron et son entourage sont confrontés à une question cruciale : quelle coalition cohérente peut atteindre les 289 députés nécessaires pour gouverner ? Les négociations s’annoncent ardues et complexes. Gabriel Attal, Premier ministre sortant, a annoncé qu’il remettrait sa démission tout en restant en poste le temps que soit constitué un nouveau gouvernement. Les discussions en coulisses sont intenses, chaque parti tentant de définir les contours d’une possible coalition.

Les enjeux pour le Nouveau Front populaire

Le Nouveau Front populaire, mené par des figures comme Jean-Luc Mélenchon, revendique son droit à gouverner malgré l’absence de majorité absolue. Mélenchon a exclu toute collaboration avec le camp présidentiel, appelant à un gouvernement purement NFP. Cependant, d’autres voix au sein de l’alliance de gauche, comme celles des socialistes et des écologistes, plaident pour des discussions plus ouvertes avec d’autres partis pour former une majorité.

Des turbulences institutionnelles, pas une crise

Malgré la situation inédite, les experts estiment que la France ne traverse pas une crise de régime. Le constitutionnaliste Thibaud Mulier souligne que le système de la Ve République est assez flexible pour s’adapter à ces turbulences. Les discussions et reconfigurations nécessaires pour former un gouvernement stable sont en cours, mais le processus prendra du temps.

Des priorités politiques divergentes

Chaque bloc politique pose ses conditions pour toute discussion de coalition. Le camp présidentiel insiste sur la défense de la laïcité, le soutien à l’Ukraine, et la lutte contre le changement climatique comme priorités. De son côté, le NFP se concentre sur des réformes sociales telles que l’augmentation du SMIC, le blocage des prix des produits de première nécessité, et l’abrogation de la réforme des retraites.

Les Républicains, un arbitre potentiel ?

Les Républicains, qui ont mieux résisté que prévu, pourraient jouer un rôle clé dans la formation d’une coalition. Leur soutien pourrait permettre de pencher la balance vers une majorité, mais des accords avec le RN ou LFI sont exclus par plusieurs leaders politiques. La recherche d’un équilibre entre les différentes forces politiques s’annonce délicate et incertaine.

Un héritage macroniste en construction

Face à ce défi sans précédent, certains voient une opportunité pour la France de s’initier à la culture des coalitions. Un conseiller ministériel a affirmé que l’apprentissage des coalitions pourrait être l’un des plus grands legs du macronisme, transformant durablement la pratique politique en France.