Dans un contexte géopolitique marqué par des tensions croissantes et une incertitude grandissante quant à l’engagement des États-Unis en Europe, l’Union européenne a annoncé un plan ambitieux visant à mobiliser 800 milliards d’euros pour renforcer ses capacités de défense.

L’Union Européen en plus d’être une puissance économique, souhaite devenir une puissance militaire. C’est un tournant dans l’histoire de l’Union Européen mais aussi une nouvelle donne pour le monde, l’Europe souhaite promouvoir sa doctrine à travers le monde et ne plus laissez la place aux USA.

Cette décision, portée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, soulève de nombreuses questions sur les objectifs, les modalités et les implications de cet investissement massif. Federico Santopinto, expert en stratégie et sécurité à l’Institut de recherche international et stratégique (IRIS), apporte des éclairages sur cette initiative sans précédent et nous allons développer.

Risques de guerre Comment l’Europe compte mobiliser 800 milliards d’euros pour renforcer sa défense

Un contexte stratégique en mutation et un nouvel ordre mondial ?

L’annonce de ces 800 milliards d’euros intervient dans un environnement international marqué par deux évolutions majeures. D’une part, l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a brutalement rappelé aux Européens la nécessité de renforcer leur sécurité collective. Car nous avons vécu plus de 60 ans pays sans la guerre à nos portes et plus de 30 ans en liberté sans une menace de guerre au porte de l’Europe.

D’autre part, le retrait progressif des garanties sécuritaires américaines, amorcé sous l’administration Obama et accentué sous Donald Trump, a conduit les États membres de l’UE à repenser leur dépendance vis-à-vis de l’OTAN.

Aujourd’hui, l’Europe est trop dépendant des USA surtout d’un point de vu du commandement, de l’armement et de la doctrine.

Historiquement, les dépenses militaires européennes ont fluctué en fonction des menaces perçues. Durant la guerre froide, elles atteignaient jusqu’à 3,5 % du PIB dans certains pays, avant de chuter après la chute de l’URSS en 1991. Le conflit en Ukraine a inversé cette tendance, poussant les États européens à augmenter leurs budgets de défense. Cependant, cette fois, l’UE entend jouer un rôle central dans la coordination et le financement de ces efforts.

Les contours du plan européen vers un grand emprunt national

Contrairement à ce que pourrait laisser croire l’annonce d’un budget de 800 milliards d’euros, il ne s’agit pas d’une enveloppe entièrement dédiée à des subventions pour l’industrie de l’armement. En réalité, 600 milliards d’euros pourront être dépensés par les États membres sans être comptabilisés dans leurs déficits publics, ce qui leur offre une marge de manœuvre budgétaire considérable. Les 200 milliards restants proviennent de prêts issus des dépenses non utilisées de l’UE au cours de l’année écoulée.

L’objectif principal de ce plan est de relancer et d’accroître la production d’armements en Europe. Concrètement, cela signifie moderniser les chaînes de production, investir dans la recherche et le développement de nouveaux systèmes d’armes, et faciliter les achats conjoints entre États membres. Cette approche vise à réduire les dépendances externes et à renforcer l’autonomie stratégique du continent.

Une réponse à l’isolationnisme américain

L’un des facteurs clés derrière cette initiative est le changement de posture des États-Unis. Depuis plusieurs années, Washington affiche une tendance à l’isolationnisme, remettant en question son engagement traditionnel en Europe. Cette évolution a été particulièrement marquée sous l’administration Trump, qui n’a pas hésité à critiquer l’OTAN et à exiger une plus grande contribution financière de la part des alliés européens.

Pour Federico Santopinto, cette situation représente un tournant historique. « L’augmentation des budgets de défense européens découle du fait qu’il n’y a plus de garantie sécuritaire américaine en Europe. C’est une nouveauté inédite depuis 1917, date à laquelle les États-Unis sont intervenus en Europe lors de la Première Guerre mondiale. »

Les défis de l’intégration européenne en matière de défense

Si l’UE renforce son rôle dans le domaine de la défense, elle reste loin de l’objectif d’une armée européenne unifiée. Les États membres conservent leur souveraineté en matière de politique de défense, et les interventions militaires continuent de se faire à travers des coalitions ad hoc, comme ce fut le cas en Libye ou au Sahel.

Cependant, l’UE développe progressivement une politique industrielle de défense commune. Cette approche permet de mutualiser les ressources et de rationaliser les dépenses, tout en évitant les doublons entre les différents pays. La France, en particulier, joue un rôle moteur dans cette dynamique. Elle a été à l’origine du concept d’autonomie stratégique européenne et plaide pour une plus grande indépendance vis-à-vis des États-Unis.

Les réticences et les divergences entre États membres

Malgré les avancées, des divergences persistent entre les États membres. Certains pays, comme la Pologne ou les États baltes, soutiennent un rôle accru de l’UE en matière de défense, tandis que d’autres, comme l’Autriche ou l’Irlande, restent réticents à l’idée d’une intégration plus poussée.

Par ailleurs, la question du financement reste sensible. Si les 800 milliards d’euros annoncés sont une manne bienvenue, ils ne suffiront pas à combler les lacunes accumulées depuis des décennies. Les États membres devront continuer à augmenter leurs budgets nationaux, ce qui pourrait poser des problèmes dans un contexte économique difficile.

L’Allemagne, futur pilier de la défense européenne ?

L’Allemagne, longtemps critiquée pour son manque d’engagement en matière de défense, semble désormais prête à assumer un rôle de leader. Le gouvernement allemand a annoncé des investissements massifs pouvant atteindre 500 milliards d’euros, dérogeant même à ses règles budgétaires strictes.

Mais l’Allemagne vit toujours avec son histoire, car à chaque fois que l’Allemagne développe son armée il a eu une guerre comme pour le Japon.

Mais aujourd’hui, il faut reprendre les mots de Machievel Qui veut la paix prépare la guerre. Et ici il faut que l’Europe commence à acheter du matériel Français et Européen. 

Pourquoi français, la France et l’unique pays dans l’UE qui dispose de la bombe nucléaire et en s’armant de rafale et de matériel français, les pays peuvent embarquer la bombe nucleaire. Pensez-vous que les USA vont tirer avec l’arme atomique si un pays de l’UE va avoir une attaque tactique avec une bombe nucléaire. Surtout que la doctrine USA et sur le sol USA, tandis que la France c’est les intérêts vitaux.

Pour Federico Santopinto, cette évolution pourrait changer la donne. « Si l’Allemagne devient sérieuse en matière de défense, ce qu’elle n’a pas été jusqu’à présent, cela pourrait ôter quelques inquiétudes à Paris et à Londres. » Cependant, il reste à voir si Berlin sera prêt à s’engager dans des opérations militaires à haut risque, comme l’ont fait la France et le Royaume-Uni dans le passé.

Vers une nouvelle ère pour la défense européenne ?

Le plan de 800 milliards d’euros marque une étape importante dans la construction d’une défense européenne plus autonome et plus intégrée. Cependant, les défis restent nombreux. Les divergences entre États membres, les réticences face à une intégration accrue, et les incertitudes liées à l’évolution de la posture américaine constituent autant d’obstacles à surmonter.

Dans un monde de plus en plus instable, l’UE doit trouver un équilibre entre renforcer sa sécurité collective et préserver sa cohésion interne. Si elle y parvient, elle pourrait jouer un rôle stratégique majeur sur la scène internationale. Sinon, elle risque de rester un acteur secondaire, dépendant des décisions prises à Washington ou à Moscou.

En attendant, une chose est sûre : l’Europe ne peut plus se permettre de négliger sa défense. Les 800 milliards d’euros annoncés sont un premier pas, mais ils ne seront suffisants que s’ils s’accompagnent d’une volonté politique forte et d’une vision claire de l’avenir stratégique du continent.

Mais si la population fait un effort, l’industrie de l’armement aussi, il faut que cette industrie réalise une marge faible de l’ordre 4% ou que 90% des bénéfices partent dans la recherche, si la population aide l’industrie de l’armement avec un grand emprunt celle-ci doit fabrique sur le sol Européen et doit partager ses bénéfices pour une meilleure protection sociale dans les pays de l’UE.