Le ministre de la Justice annonce que la construction des 15.000 nouvelles places de prison d’ici 2027 est compromise, en raison de retards et de blocages locaux.
ministre de la Justice – CREDIT : Wikimédia Commons
Le ministre de la Justice, Didier Migaud, a annoncé ce dimanche que l’objectif de construire 15.000 nouvelles places de prison d’ici à 2027 ne sera pas atteint. Ce projet, inscrit dans la promesse de campagne d’Emmanuel Macron, visait à limiter la surpopulation carcérale persistante en France, où la densité des prisons atteint aujourd’hui 127,9 %.
Un objectif ambitieux en retard
Depuis plusieurs années, la France fait face à un grave problème de surpopulation carcérale. En octobre 2024, le nombre de détenus a battu un record avec 79.631 personnes incarcérées. En 2017, le plan de construction de 15.000 places supplémentaires avait été annoncé pour améliorer cette situation. Cependant, malgré un besoin urgent, seulement 4.500 places ont été livrées à ce jour, laissant le projet très en retard.
Didier Migaud a évoqué les causes de ce retard, notamment des « difficultés foncières » et des « oppositions de la part d’élus locaux » qui refusent l’installation de centres éducatifs fermés ou de centres de semi-liberté sur leur territoire. Ces blocages empêchent la réalisation de plusieurs projets prévus dans le plan, compromettant l’objectif initial.
Une situation critique dans le contexte européen
La France figure parmi les pays les plus touchés par la surpopulation carcérale en Europe, se plaçant en troisième position derrière Chypre et la Roumanie. Selon une étude du Conseil de l’Europe publiée en juin, le système pénitentiaire français est l’un des plus saturés du continent, une réalité qui alourdit les conditions de détention et crée une pression constante sur les infrastructures.
Des mesures d’urgence envisagées
Face à cette situation, Didier Migaud a évoqué la nécessité d’une « opération vérité » pour faire le point sur les avancées et les obstacles du plan de 15.000 places. Il envisage de soumettre des propositions au Premier ministre et au Parlement pour recourir à des « procédures exceptionnelles », permettant de contourner les résistances locales et d’accélérer la construction des infrastructures d’intérêt national.
Le ministre reconnaît néanmoins que le retard accumulé est tel qu’il ne pourra pas être rattrapé d’ici 2027. Cette situation souligne les défis constants auxquels la France est confrontée pour moderniser et adapter son système carcéral face à l’augmentation continue de la population détenue.