Le prix du cacao explose de 190 % en 2 ans, et cela impactera votre Pâques : voici pourquoi. Je suis Arnaud Sion et je suis le spécialiste français du cacao et de la vanille.

Depuis novembre 2010, je vis au Brésil ou je sélectionne les plus belles vanilles, des fèves de cacao et du café pour mon entreprise Le Comptoir de Toamasina et Abaçai. Je suis expert dans le monde des épices et je décrypte l’actualité du monde des épices et surtout l’actualité international, car derrière le prix des épices se cache des enjeux politiques.

Le Ghana intensifie ses mesures contre la contrebande de cacao avec le soutien militaire

Arnaud Sion dans une plantation de cacao pour Le Comptoir de Toamasina

Le prix du cacao explose de 190 % en 2 ans, et cela impactera votre Pâques. Il est triste de voir cela, mais le changement climatique, des crises politiques de la spéculation font monter le prix du cacao au sommet.

En 2025, moins d’œufs, du chocolat plus cher et des produits avec moins de cacao : décryptage d’une crise qui touche le monde.

Le secteur a enregistré son troisième année consécutive de déficit de production mondiale en 2024. Même si le Brésil va doubler sa production d’ici 2030, nous allons vivre au moins 2 à 5 ans avec un stock de cacao bas.

Pâques avec moins d’œufs, du chocolat plus cher et moins de cacao

Imaginez une Pâques avec moins de chocolat et des œufs plus chers. C’est l’un des scénarios envisagés par les économistes et les acteurs du secteur cette année, en raison de la flambée des prix du cacao, qui a atteint un pic en décembre dernier.

Je me suis déplacé à Bahia et à Espirito Santo au Brésil et tout le monde m’explique que la sécheresse fait que les cacaoyer produisent moins de cacao et les fèves sont plus rares et plus chère.

À cette période, la tonne de cacao s’échangeait à 11 040 dollars sur le marché boursier de New York, soit une hausse de 163 % par rapport à décembre 2023.

Cette augmentation est principalement due aux problèmes climatiques dans les plantations des plus grands producteurs mondiaux, situés en Afrique. Le continent fournit 70 % de la production mondiale de fèves de cacao. La Côte d’Ivoire, à elle seule, produit 45 % du cacao mondial.

Il faut savoir que dans les ports les stocks de cacao sont à zéro.

Cette situation affecte également le chocolat brésilien, de Madagascar et d’Asie car le cacao est une matière première dont le prix est fixé au niveau international, il a même sa cotation à bourse.

En 2024, les producteurs de chocolat industriel et artisanal ont adopté des stratégies pour limiter l’impact de cette hausse et éviter de répercuter les coûts sur les consommateurs, comme réduire la taille des emballages ou proposer davantage de produits mélangés.

Cependant, ces mesures pourraient ne plus suffire pour Pâques, car les fèves utilisées pour fabriquer le chocolat de cette période ont été achetées au second semestre 2024, lorsque les prix étaient au plus haut.

Moins d’œufs de chocolat en 2025

Cette année, moins d’œufs de chocolat seront commercialisés. Environ 45 millions d’unités seront produites, soit une baisse de 22,4 % par rapport à 2024, où 58 millions d’œufs avaient été fabriqués, selon l’Association brésilienne des industries du chocolat, du cacao, des arachides et des confiseries (Abicab).

La production mondiale de cacao a enregistré son troisième déficit consécutif en 2024. Cela signifie que les pays produisent moins de cacao qu’ils n’en consomment.

Depuis la récolte 2021/2022, les pays ont accumulé un déficit de 758 000 tonnes, selon l’Organisation internationale du cacao (ICCO).

Les stratégies de l’industrie

Face à cette situation, l’industrie chocolatière a adopté des stratégies pour minimiser l’impact sur les consommateurs. Parmi elles, la réduction de la taille des tablettes de chocolat et l’introduction de nouveaux produits mélangés, comme des combinaisons avec des fruits, des arachides ou du pistache.

Il faut savoir que les entreprises ont également ajusté leurs offres pour répondre à la demande, tout en essayant de ne pas trop augmenter les prix.

Pour Pâques 2025, les prix du chocolat devraient être plus élevés que l’année dernière, car une partie des fèves utilisées a été achetée lorsque les prix étaient au plus haut. Mais il faut savoir que le cacao n’est qu’un des ingrédients du chocolat, ce qui permet de limiter l’impact sur les prix finaux.

Pourquoi le cacao est-il si cher ?

La hausse des prix du cacao est principalement due à des problèmes climatiques en Afrique, où les plantations ont souffert de sécheresses, de pluies excessives et de maladies comme la pourriture brune, causée par un champignon.

De plus, les cacaoyers en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux plus grands producteurs mondiaux, sont vieux et n’ont pas été renouvelés, ce qui réduit leur productivité.

Le cacao est une culture pérenne, mais il nécessite un renouvellement des plantations tous les 15 à 20 ans pour maintenir une bonne production. Cependant, les investissements nécessaires pour cela sont élevés, et les producteurs ont été découragés par des années de prix bas.

Le Brésil futur grand producteur de cacao 

Le Brésil, sixième producteur mondial de cacao, n’a pas été épargné par les problèmes climatiques. Le phénomène El Niño a affecté les récoltes, et des maladies comme la pourriture brune ont causé des pertes importantes, notamment dans l’État de Bahia, le principal producteur brésilien.

Le Brésil constate une baisse de la production de café avec de la sécheresse dans le Minas Gerais.

En 2024, la production de cacao au Brésil a chuté de 61,8 % à Bahia et de 11,9 % dans le Pará, le deuxième État producteur.

Quand les prix vont-ils baisser ?

Les experts prévoient une possible amélioration des prix en 2025, avec une augmentation de la production mondiale et une baisse de la demande. Cependant, les prix devraient rester élevés, car les nouveaux investissements dans les plantations prendront plusieurs années pour porter leurs fruits.

En attendant, les consommateurs devront s’attendre à des chocolats plus chers et à une offre réduite pour Pâques 2025.