Près de 4 900 lits d’hospitalisation ont été fermés en 2023 en France. Une situation qui accentue la crise des hôpitaux.
lits d’hospitalisation fermés – CREDIT : VarActu
Près de 4 900 lits d’hospitalisation complète ont disparu en 2023, accentuant une tendance amorcée il y a plus de dix ans. Depuis 2013, les hôpitaux français, publics et privés, ont perdu environ 43 500 lits, selon un rapport publié ce jeudi par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). En parallèle, la création de places d’hospitalisation partielle progresse pour répondre aux besoins, mais ne suffit pas à compenser la fermeture des lits d’hospitalisation traditionnelle.
Moins de lits, plus de tensions dans les services
Au 31 décembre 2023, les hôpitaux français comptaient 369 423 lits d’hospitalisation complète, une baisse de 1,3 % par rapport à l’année précédente. Cette diminution frappe l’ensemble des établissements et pèse lourdement sur les services, déjà saturés par le manque de personnel. Les professionnels de santé dénoncent ces fermetures de lits, qui créent une pression accrue dans les services, exacerbent les tensions dans les urgences et participent à l’épuisement des équipes soignantes, poussant certains à quitter leur poste.
Pour pallier la baisse des lits avec nuitée, 3 489 places d’hospitalisation de jour ont été ajoutées, atteignant un total de 88 504 places. Ces « places de jour » permettent de traiter plusieurs patients chaque jour, mais elles ne répondent pas aux besoins des hospitalisations longues, cruciales pour les cas complexes.
Une tendance qui s’accélère depuis la crise sanitaire
La réduction des lits hospitaliers est en réalité une politique amorcée dès les années 2000, visant à réorganiser le système de santé vers des soins ambulatoires. Si cette orientation correspond à une volonté de modernisation, elle est aussi dictée par une pénurie de soignants, incapable de maintenir l’ensemble des lits opérationnels. Entre 2013 et 2019, la capacité d’accueil des lits diminuait de 0,9 % par an en moyenne. Cette tendance s’est accélérée après la crise sanitaire, avec des pertes plus rapides et continues.
En 2023, la diminution des lits reste notable, bien qu’elle soit moins forte qu’en 2022, où plus de 6 700 lits avaient été supprimés. Les lits en psychiatrie ont particulièrement souffert, chutant de 2,4 % cette année, une baisse concentrée dans les hôpitaux publics.
La promesse de réouverture des lits non tenue
À l’automne 2023, l’ex-ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait annoncé la réouverture de « plusieurs milliers de lits » avant la fin de l’année, une promesse non tenue. Le manque d’attractivité du secteur hospitalier, plutôt que des raisons budgétaires, est avancé pour justifier ces fermetures, tandis que quatre syndicats (CGT, FO, Sud et Unsa) ont lancé un préavis de grève pour protester contre le budget 2025 de la Sécurité sociale, jugé insuffisant pour combler les besoins croissants.