La dépendance de l’Europe vis-à-vis des systèmes de paiement américains  un risque économique majeur et si les USA nous coupent les moyens de paiements

L’Europe est à un carrefour stratégique. Alors que les relations transatlantiques se détériorent sous l’effet des déclarations incendiaires du nouveau président américain Donald Trump, qui affirmait que l’Union européenne avait été « créée pour nuire » aux États-Unis, une question cruciale émerge : la dépendance économique de l’Europe vis-à-vis des géants américains du paiement. Philip Lane, économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE), a récemment tiré la sonnette d’alarme sur ce sujet, soulignant les risques liés à cette dépendance et appelant à une plus grande autonomie stratégique.

Si les USA rentrent en guerre contre l’Europe, une guerre commerciale ou autre, les européens peuvent se retrouver sans moyen de paiement et donc une manique car il n’a pas assez de billets pour tout le monde.

Photo de carte de crédit

Photo de carte de crédit – CREDIT : Pixabay

Une dépendance inquiétante

Aujourd’hui, Visa et Mastercard dominent le marché des paiements par carte dans la zone euro, traitant environ deux tiers des transactions. À cela s’ajoutent les services de paiement numérique comme Apple Pay, Google Pay et PayPal, qui occupent une part substantielle du marché des paiements de détail. Cette domination inquiète les autorités européennes, car elle expose le continent à des risques de coercition économique. En effet, si les États-Unis décidaient d’utiliser ces systèmes de paiement comme outils de pression géopolitique, l’Europe se retrouverait dans une position vulnérable.

Philip Lane l’a clairement exprimé lors d’un discours à Cork, en Irlande : « La dépendance de l’Europe vis-à-vis des fournisseurs de paiement étrangers a atteint des niveaux impressionnants. Cela nous expose à des risques de pression et de coercition économique, tout en limitant notre capacité à contrôler des aspects critiques de notre infrastructure financière. »

L’histoire de Visa : une success story américaine

Pour comprendre l’ampleur du problème, il faut remonter aux origines de Visa. Fondée en 1958 par Bank of America sous le nom de BankAmericard, Visa est devenue l’un des plus grands réseaux de paiement au monde. Son succès repose sur un modèle simple mais efficace : faciliter les transactions entre consommateurs, commerçants et banques, tout en prenant une commission sur chaque opération. Au fil des décennies, Visa a étendu son emprise à l’international, devenant un acteur incontournable dans presque tous les pays.

Cependant, cette domination mondiale pose problème. En effet, Visa et Mastercard sont des entreprises américaines, soumises aux lois et aux décisions politiques des États-Unis. En cas de tensions géopolitiques, ces entreprises pourraient être utilisées comme leviers pour exercer une pression économique sur d’autres pays. C’est précisément ce que craint la BCE.

Le Brésil, un exemple à suivre ?

Face à cette dépendance, certains pays ont choisi de développer leurs propres systèmes de paiement. Le Brésil, par exemple, a créé ELO, un réseau de cartes national qui concurrence directement Visa et Mastercard sur le marché local. Lancé en 2011, ELO est le fruit d’une collaboration entre plusieurs grandes banques brésiliennes. Aujourd’hui, il représente une alternative crédible, réduisant la dépendance du pays vis-à-vis des systèmes de paiement américains.

L’exemple brésilien montre qu’il est possible de construire une infrastructure de paiement indépendante. Pour l’Europe, cela pourrait être une source d’inspiration. En développant des solutions locales, le continent pourrait réduire sa vulnérabilité aux pressions extérieures et renforcer son autonomie stratégique.

Le projet de l’euro numérique : une solution prometteuse

Pour répondre à ces défis, la BCE travaille sur un projet d’euro numérique. Selon Philip Lane, cette monnaie numérique pourrait être une solution clé pour garantir l’indépendance financière de la zone euro. Contrairement aux systèmes de paiement traditionnels, l’euro numérique fonctionnerait comme de l’argent liquide, permettant aux utilisateurs de réaliser des transactions sans passer par des intermédiaires comme Visa ou Mastercard.

Concrètement, les fonds seraient stockés dans un portefeuille numérique, probablement sous la forme d’une application mobile, et seraient directement adossés à la banque centrale. Les transactions seraient effectuées en peer-to-peer, sans dépendre des réseaux de cartes internationaux. Cela permettrait à l’Europe de reprendre le contrôle de son infrastructure financière et de limiter les risques de coercition économique.

Mon point de vue

À mon avis, la dépendance de l’Europe vis-à-vis des systèmes de paiement américains est un problème majeur qui ne peut plus être ignoré. Dans un monde de plus en plus multipolaire, où les monnaies et les systèmes de paiement sont utilisés comme armes géopolitiques, il est essentiel que l’Europe développe ses propres solutions. Le projet d’euro numérique est une étape dans la bonne direction, mais il doit être accompagné d’une stratégie plus large visant à réduire la dépendance vis-à-vis des géants américains.

L’exemple du Brésil avec ELO montre qu’il est possible de créer des alternatives viables. L’Europe devrait s’en inspirer et encourager le développement de systèmes de paiement locaux, tout en renforçant la coopération entre les pays membres. Enfin, il est crucial que les décideurs politiques prennent conscience de l’urgence de la situation et agissent rapidement pour protéger l’autonomie stratégique de l’Europe.

Le Brésil à beaucoup de bonnes idées car le pays ne souhaite pas être une puissance sous influence américaine surtout depuis les premiers mandats de Lulla.

En conclusion, la question des systèmes de paiement n’est pas seulement technique ou économique : elle est profondément politique. L’Europe doit choisir entre rester dépendante des États-Unis ou prendre son destin en main. Le choix est clair, et le temps presse.