Harcèlement scolaire et numérique : comment lutter ?
SAISON 9 / EPISODE 1
La rentrée est pour certains élèves, un calvaire. Le harcèlement scolaire n’est pas chose nouvelle et les victimes se comptent en millions. Près d’un enfant sur 10 est harcelé chaque année à l’école. Comment mettre fin à ce fléau ? Pourquoi un élève plus qu’un autre ? Que risquent les harceleurs ?
Quels sont les signes qu’un enfant se fait harceler ? Comment en tant que parents l’aider ? Nos spécialistes en plateau répondront à vos questions.
Le harcèlement de rue est de plus en plus courant. Qu’est-ce que c’est réellement ? Les sports de combat sont-ils bons pour apprendre à se défendre ? Que faire si vous êtes pris à partie dans la rue ?
Enfin, le harcèlement numérique est une nouvelle forme : on parle aujourd’hui de cyberharcèlement. Comment lutter ? Les plateformes sont-elles responsables ? Mettent-elles suffisamment de moyens pour surveiller et punir ? Créer un ministre des Réseaux sociaux, est-ce la solution ?
Harcèlement scolaire et numérique : comment lutter ? C’est notre prochaine enquête dans Faut qu’on en parle, vendredi 30 septembre à 21H sur vos radios en direct, sur le live Facebook et sur le www.fautquonenparle.fr
Invités Harcèlement scolaire :
- Nathalie ROCAILLEUX – Directrice de AFL Transition et psychologue clinicienne
- Claude PEILLON – Retraitée de la gendarmerie criminelle, Formateur sécurité intérieure
- Louisette TIOUCHICHINE – Directrice de l’association le CAP à Draguignan
- Romaric AUBERTIN – Moniteur FEKM – Ceinture noire du Self-Defense Krav Maga Area à la valette du Var
- Jordan CARTIER – Victime de harcèlement
- Pierre – Référent de l’antenne de Paris pour l’association Stop Harcèlement De Rue
Le harcèlement scolaire est un phénomène très répandu dans le monde et particulièrement en France. Il se manifeste par des actes de violence répétitive qui peuvent être d’ordre verbal, physique ou psychologique. Ces violences créent un réel traumatisme chez les victimes des harceleurs. Cela perturbe énormément leur processus d’éducation. La question du harcèlement scolaire mérite donc d’être soulevée tous les jours afin d’attirer l’attention des acteurs (parents, gouvernants, personnel éducatif) sur sa gravité et donner de la force au mouvement « Non au harcèlement ».
La première chose que nous devons faire est d’éduquer les gens sur les dangers de la cyberintimidation et du harcèlement numérique. Nous devons leur apprendre à rester en sécurité en ligne et à se protéger du harcèlement numérique.
Nous devons également enseigner aux enfants les conséquences de leurs actes, en particulier lorsqu’il s’agit d’intimider les autres en ligne. Nous devons leur faire comprendre que ce n’est pas un jeu et qu’il y a de vraies personnes derrière leurs écrans.
Les enfants doivent apprendre qu’ils peuvent toujours demander de l’aide s’ils sont victimes d’intimidation ou de harcèlement en ligne. Ils doivent savoir qu’ils peuvent toujours éteindre leur ordinateur, s’éloigner de l’écran ou appeler un adulte de confiance pour obtenir de l’aide s’ils ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils utilisent la technologie.
Le harcèlement scolaire est un grave problème dans le monde de l’éducation. L’intimidation et le cyber-harcèlement sont deux formes majeures de harcèlement scolaire. L’intimidation peut être physique, verbale ou émotionnelle. Le cyber-harcèlement, c’est quand quelqu’un utilise la technologie pour intimider une autre personne. Le harcèlement sexuel, c’est quand quelqu’un fait des avances sexuelles non désirées à une autre personne à l’école ou au travail. Le harcèlement moral, c’est quand quelqu’un vous insulte en raison de votre religion, de votre race, de votre identité de genre, de votre orientation sexuelle, de votre handicap, etc.
Le ministère de l’Éducation travaille sur cette question depuis de nombreuses années maintenant et a introduit de nouvelles politiques pour faire face au problème.
Estimation du nombre d’élèves victimes du harcèlement scolaire en France
D’après les derniers chiffres publiés par le gouvernement, le nombre d’élèves victimes de harcèlement en milieu scolaire est estimé à 5 ou 6 % des enfants et jeunes adultes qui fréquentent une école. En revanche, les associations de lutte contre le harcèlement affirment que ce chiffre s’élèverait à 10 %. Ces structures sont bien plus proches des victimes et des établissements scolaires. Cela leur permet d’avoir une meilleure visibilité sur le phénomène et de collecter des données plus réalistes sur les situations de violence répétitive en milieu scolaire. De façon concrète, les faits indiquent qu’un enfant sur 10 est harcelé à l’école chaque année en France.
Les violences scolaires sont très fréquentes au collège. Dans ces établissements, on dénombre plus de 54 % des cas de harcèlement contre 23 % dans les écoles primaires et 13 % dans les lycées (chiffres de l’IFOP). Ce qui est encore plus grave, c’est que 61 % des victimes affirment avoir déjà pensé au suicide pour ne plus subir les violences à l’école. Certains adultes traînent encore les séquelles de ces violences au point de ne pas se sentir en sécurité dans les rues.
En effet, selon « Yougov », 76 % de femmes ont toujours peur quand elles marchent seules dans la rue. Certaines sont d’anciennes victimes de harcèlement scolaire et d’autres ne sont que des témoins sans défense des agissements de ces harceleurs. Parmi ces femmes qui vivent dans la crainte, la majorité a entre 18 et 24 ans. Elles ont encore des souvenirs très clairs des cas de harcèlement à l’école. En plus d’avoir développé une phobie scolaire, 52 % d’entre elles ont peur des transports en commun, surtout les soirs. Paris est la ville où les violences faites aux femmes sur la voie publique sont plus fréquentes. On enregistre 47 % des cas d’agressions verbales, physiques ou psychologiques dans la capitale contre 25 % dans le reste de la France.
Qu’en est-il du cyberharcèlement ?
Le cyberharcèlement est aussi une forme de violence. On parlera de cyberharcèlement scolaire quand il a lieu entre des élèves. Il se distingue du harcèlement ordinaire par le fait que les actes de moqueries, d’insultes et de menaces s’exercent par des canaux numériques (appels téléphoniques, SMS ou internet). En France, de nombreuses victimes et parents ont du mal à identifier clairement les actes de cyberharcèlement. Leurs jugements sont biaisés par les idées qu’ils reçoivent sur le profil des harceleurs, des victimes et sur la nature des actes qualifiables d’agissement de cyberharcèlement.
Sur 16 agissements relevant du harcèlement numérique, seulement 39 % des personnes questionnées reconnaissent la totalité des actes comme des cas de violence. 25 % des Français ne reconnaissent aucun des 16 agissements comme des actes de cyberharcèlement. 90 % de personnes pensent aussi que les harceleurs sont des inconnues qui créent de faux profils pour rester anonymes. Or, 56 % des harceleurs sont souvent des proches de la victime.
Loin du climat scolaire tendu, les moyens numériques permettent aux agresseurs de continuer à persécuter leur victime quand ils ne sont pas à l’école. Plus de 83 % de parents d’enfants mineurs s’inquiètent que leurs protégés soient victimes de tels agissements. Dans le cadre du programme d’école sur internet, 25 % d’élèves ont été des cibles de cyberharcèlement au collège contre 14 % au lycée. Chez les adultes, la proportion d’hommes touchés est pratiquement la même que la proportion de femmes.
Lutte contre le harcèlement scolaire : la méthode Pikas est-elle fiable ?
La prévention du harcèlement scolaire est une question qui est toujours d’actualité en France. En effet, les bonnes valeurs doivent être transmises à chaque génération pour sécuriser le climat scolaire pour les plus faibles. La méthode Pikas, encore appelée « méthode de préoccupation partagée », a été mise en œuvre et expérimentée dans de nombreux pays déjà. Elle a été développée en Suède par Anatol Pikas, un psychologue émérite.
Sa méthode consiste à s’entretenir avec les harceleurs et les amener à proposer des solutions pour freiner ce phénomène. Le psychologue soutient que ce fléau provient d’un phénomène de groupe au sein duquel il y a une pression sur chaque membre. Sa méthode de prévention et de lutte contre le harcèlement scolaire consiste à briser l’unité du groupe afin de rechercher une meilleure issue pour chaque participant.
La méthode Pikas a été utilisée en Finlande, au Canada et en Australie. Les résultats ont été impressionnants, ce qui a amené certains pays comme le Royaume-Uni à étudier la méthode de plus près. Malheureusement, les travaux du psychologue Pikas ne sont pas traduits en français. L’APHEE se charge d’organiser des formations à l’endroit des professionnels de l’éducation pour transmettre cette technique de lutte contre le harcèlement scolaire.
Les invités de l’émission du 30 septembre 2022 – Crédit : Faut qu’on en parle !