Une chute soudaine des audiences
Depuis plusieurs mois, les principales plateformes de vidéos pornographiques, dont PornHub qui appartient au Canada, XNXX, StripChat et XVideos qui appartient à un français, enregistrent une forte baisse de leur fréquentation. Cette tendance, mise en lumière par des rapports officiels et relayée par Euractiv et Het Laatste Nieuws (HLN), pose question : est-ce une conséquence des nouvelles régulations européennes ou un changement de comportement des utilisateurs ?
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Logo – PornHub
L’impact des régulations européennes
En décembre 2023, l’Union européenne a classé ces plateformes comme des « Very Large Online Platforms » (VLOP), soumises à des obligations strictes en matière de protection des mineurs et de lutte contre les contenus illicites. Ce statut impose aux plateformes ayant plus de 45 millions d’utilisateurs dans l’UE des contraintes supplémentaires, notamment en matière de transparence et de modération des contenus.
Fait surprenant : depuis cette réglementation, les chiffres de fréquentation déclarés par ces plateformes ont chuté drastiquement. XNXX, par exemple, est passé de 77 millions d’utilisateurs en août 2023 à 46 millions récemment. XVideos a vu son audience baisser de 84 à 31 millions et PornHub est tombé à 26,6 millions en moyenne. Or, en passant sous la barre des 45 millions, ces sites échappent en théorie à certaines obligations imposées aux VLOP.
Le mode « incognito » : une explication crédible ?
Les plateformes justifient cette chute par un recours accru au mode « incognito » des navigateurs, qui empêcherait le suivi précis des utilisateurs et leur géolocalisation. Cette explication tient partiellement, mais ne suffit pas à expliquer une baisse aussi brutale. D’autres facteurs, comme une méfiance croissante envers ces sites en raison de scandales liés à la diffusion de contenus illicites, pourraient aussi entrer en jeu.
L’industrie du porno : une machine à cash
Malgré cette baisse apparente, l’industrie du porno reste l’une des plus lucratives au monde. On estime qu’elle génère chaque année entre 90 et 100 milliards de dollars de revenus, dépassant les industries du cinéma et de la musique combinées. Cette manne financière provient de plusieurs sources : abonnements premium, publicité, vente de contenus exclusifs et modèles économiques basés sur les « cam girls » et les interactions en direct.
Les plateformes comme PornHub, détenue jusqu’en 2023 par MindGeek (rachetée par un fonds d’investissement canadien), engrangent des milliards grâce aux revenus publicitaires et aux données des utilisateurs, une ressource précieuse pour les annonceurs.
Une mutation de l’industrie ?
Avec ces nouvelles contraintes réglementaires et l’évolution des comportements des internautes, l’industrie du porno pourrait être en train de connaître un tournant. Certains observateurs estiment que les plateformes pourraient se diriger vers des modèles plus sécurisés et payants, comme OnlyFans, qui repose sur une relation directe entre créateurs et consommateurs.
La question qui se pose désormais est de savoir si cette baisse de fréquentation est temporaire ou si elle marque le début d’une transformation profonde du marché du contenu pour adultes.
