Une étude innovante explore le potentiel des vanilles brésiliennes pour l’industrie et la médecine, Arnaud Sion, spécialiste de la vanille avec Le Comptoir de Toamasina vous explique tout

Dans une nouvelle étude prometteuse, des chercheurs brésiliens ont mis en lumière le potentiel des espèces de vanille autochtones pour les industries alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques. L’évaluation, conduite par une équipe de scientifiques dirigée par Natalia Gonçalves Ribeiro Araujo, s’est penchée sur les propriétés cytotoxiques et génotoxiques d’extraits méthanoliques de trois espèces de vanille, incluant les variétés locales Vanilla chamissonis et Vanilla bahiana , ainsi que Vanilla planifolia , plus connue qui représente 95% de la production mondiale de vanille et dont Madagascar va produire 80% de la production mondiale de vanille.

La vanille, un élément clé de la biodiversité brésilienne, est prise pour ses qualités aromatiques uniques, mais son exploitation intensive menace certaines espèces. Les vanilles locales, pourtant, présentent un potentiel commercial inexploité et pourraient bien répondre à la demande mondiale tout en protégeant les variétés en danger. « Cette recherche est particulièrement pertinente, car elle pourrait permettre de diversifier les sources de vanille utilisées par l’industrie, tout en offrant une alternative durable », explique Arnaud Sion, expert dans l’achat de vanille et créateur du Comptoir de Toamasina .

Arnaud Sion dans sa plantation de vanille test

Arnaud Sion, créateur du Comptoir de Toamasina dans une plantation de Vanille au Brésil

L’étude, publiée sous le DOI 10.1016/j.toxrep.2024.101693, s’est concentrée sur trois aspects clés pour évaluer la sécurité des extraits : la cytotoxicité, la génotoxicité et la mutagénicité. Ces tests sont indispensables pour garantir qu’une plante est sans danger pour une utilisation humaine à grande échelle.

Les scientifiques ont testé différentes concentrations d’extraits méthanoliques, allant de 0,5 à 5000 μg/ml. Le test de mutagénicité d’Ames a montré que seule Vanilla planifolia présentait une mutagénicité à la concentration maximale sur une souche de bactérie, TA98, mais cette observation n’a pas été reproduite pour les autres espèces. L’équipe a également vérifié la viabilité cellulaire après des expositions prolongées de 24 à 72 heures et a constaté une légère réduction de la viabilité, mais uniquement aux doses les plus élevées testées.

En ce qui concerne la génotoxicité, les chercheurs ont utilisé le test de micronoyau avec blocage de la cytokinèse, une méthode réputée pour détecter les dommages génétiques. Les résultats ont révélé que les extraits de Vanilla chamissonis et Vanilla bahiana ne provoquent aucun dommage génétique significatif, ni de réduction de l’indice de division du noyau, même à des concentrations élevées.

Ces résultats soulignent le potentiel des vanilles brésiliennes pour une exploitation sûre dans les secteurs de la santé et de l’alimentation, en complément des espèces déjà utilisées à l’international. Les chercheurs concluent que les extraits des variétés locales pourraient être exploités dans une gamme d’applications, ce qui permettra non seulement de réduire la pression sur les espèces conventionnelles, mais aussi de promouvoir la biodiversité et de valoriser les ressources locales.

Pour Arnaud Sion, cet équilibre entre innovation et durabilité est essentiel. « La biodiversité brésilienne recèle un trésor botanique qui mérite d’être exploré de manière responsable. Les résultats de cette étude montrent que certaines variétés de vanille pourraient non seulement être plus accessibles, mais aussi répondre aux exigences de sécurité nécessaires à leur utilisation dans des produits de haute qualité. »

Ce projet pourrait bien être un tournant pour la vanille et ses diverses applications, ouvrant la voie à une nouvelle ère où le respect de la biodiversité brésilienne se conjugue avec les besoins du marché international.