Alors que le covoiturage recule en France, Bordeaux tire son épingle du jeu. Quels sont les facteurs de cette résistance ? Témoignages et explications.
Rocade de Bordeaux – CREDIT : Wikimedia commons
Bordeaux résiste à la baisse du covoiturage
Le dernier baromètre de l’autosolisme, publié par VINCI Autoroutes, révèle une baisse généralisée de la pratique du covoiturage en France. En effet, près de 86 % des conducteurs circulent seuls dans leur véhicule aux heures de pointe. Ce phénomène, en augmentation depuis le printemps 2023, concerne presque toutes les grandes villes. Pourtant, Bordeaux fait figure d’exception en maintenant, et même en améliorant légèrement, la pratique du covoiturage.
Bordeaux, l’une des rares exceptions en France
Le 6e baromètre de l’autosolisme publié par VINCI Autoroutes met en lumière une tendance inquiétante : 85,7 % des conducteurs circulent seuls, contre 82,8 % lors du dernier baromètre. Cela représente une augmentation de 2,9 points du taux d’autosolisme en France, ce qui illustre une baisse continue du covoiturage dans le pays. Ce recul est particulièrement marqué dans des métropoles telles que Lyon (-6,6 %), Aix-en-Provence (-5,7 %), ou encore l’Île-de-France (-6,9 %), où le covoiturage, bien que relativement élevé (20 %), connaît une baisse notable.
Cependant, Bordeaux résiste à cette tendance. Alors que la majorité des métropoles voit le covoiturage reculer, Bordeaux enregistre une légère progression sur certains axes, notamment l’A62 (+0,9 %), et se stabilise sur l’A10. Cette singularité interpelle, surtout dans un contexte national de retour à l’autosolisme.
Les raisons de la résistance bordelaise
Plusieurs facteurs expliquent pourquoi Bordeaux parvient à maintenir la pratique du covoiturage malgré la tendance nationale. Vincent, un habitant de Pessac, témoigne : « Ici, les infrastructures sont faites pour le covoiturage. Entre les parkings relais, les voies réservées et les lignes de cars express, tout est pensé pour faciliter cette mobilité. Ça devient de plus en plus naturel pour les gens. »
Effectivement, Bordeaux a misé sur des infrastructures de transport adaptées, qui favorisent les déplacements partagés. Les parkings de covoiturage, situés à des points stratégiques sur les grands axes, et l’extension des lignes express sur autoroute ont été des éléments clés. De plus, la politique de mobilité durable menée par la métropole encourage fortement la pratique du covoiturage, tant pour les trajets domicile-travail que pour d’autres types de déplacements.
Le défi des heures de pointe
Malgré cette bonne dynamique, Bordeaux n’est pas épargnée par les défis du covoiturage aux heures de pointe. Comme le souligne le baromètre de VINCI Autoroutes, le taux de covoiturage reste très faible aux moments où le réseau routier est le plus saturé, notamment en début de matinée, avec seulement 12,5 % des conducteurs partageant leur véhicule à ces heures-là. Ce chiffre montre bien que, même à Bordeaux, où la pratique est en légère hausse, il reste du chemin à parcourir pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Le défi est de taille : pour atteindre un taux d’occupation des véhicules de 1,75 personne par véhicule d’ici 2030, il faudra tripler le nombre de covoitureurs sur les routes bordelaises. En l’état actuel, le taux d’occupation moyen est de 1,22 occupant par voiture, ce qui est encore loin de la cible fixée par les autorités.
Témoignages de Bordelais
Pour les habitants de Bordeaux, le covoiturage devient peu à peu un réflexe. Clémence, une Bordelaise résidant à Mérignac, partage son expérience : « J’utilise régulièrement les parkings relais pour covoiturer avec des collègues. C’est pratique, et en plus on évite les embouteillages grâce aux voies réservées. »
Cependant, certains restent réticents. Jean-Marc, de Lormont, note : « Covoiturer, c’est une bonne idée, mais ça ne marche pas toujours. Les horaires sont parfois trop contraignants, et on a souvent besoin de flexibilité. »
Les leviers pour un covoiturage encore plus attractif
Pour VINCI Autoroutes, le développement d’infrastructures spécifiques est essentiel pour encourager davantage la pratique du covoiturage à Bordeaux. Les voies réservées sur les axes majeurs et les parkings relais continuent de jouer un rôle crucial. Des incitations financières, telles que des réductions de péages pour les véhicules en covoiturage, pourraient également dynamiser cette pratique.
Enfin, la sensibilisation des entreprises bordelaises à la nécessité de favoriser les plans de mobilité pourrait être une solution supplémentaire pour structurer le covoiturage et rendre les trajets domicile-travail plus faciles à organiser.